mercredi 30 juillet 2014

Influence du port de la combinaison sur la performance en natation


Je me suis souvent posé la question de l'influence du port d'une combinaison en termes de flottabilité et de performances pures dans une épreuve de triathlon.
Empiriquement, je m'étais aperçu de trois choses :
- j'ai moins froid avec une combinaison : pas besoin d'être très malin pour comprendre que par conséquent j'utilise moins d'énergie à conserver mon corps à la bonne température ;
- mes jambes flottent mieux avec une combinaison : c'est flagrant, dans un milieu identique (la mer) en maillot de bain je dois battre des jambes pour que mon arrière-train ne s'enfonce pas, avec une combinaison, non ;
- l'eau glisse mieux sur ma combinaison que sur mon maillot de bain de plage (utilisable en parachute en cas de nécessité).

Mais tout cela est empirique et sujet à discussion, c'est pourquoi je vous recommande très vivement la lecture de cet article, très bien documenté :

http://www.lommele.com/seconde/cours2/natation.pdf

L'article ne s'intéresse qu'à la partie natation, il serait intéressant dès lors d'étudier les écarts de temps globaux sur plusieurs distances de triathlon en fonction du port ou non d'une combinaison, écarts qui prendraient en compte le temps perdu à T1 pour enlever la combinaison.
Je n'ai pas trouvé d'articles suffisamment bien documentés sur le sujet pour l'instant mais je suis preneur de toute référence pertinente.

Nouvelle rubrique ; J'aime / J'aime pas. Aujourd'hui la Suunto Ambit 2 Sapphire


Je tire mon chapeau à ces testeurs amateurs du web, ces passionnés qui réalisent des tests ultra-complets de 5 ou 6 pages avec captures d'écrans, descriptions détaillées de la moindre fonctionnalité et qui vont parfois jusqu'à filmer longuement le déballage des articles qu'ils présentent.

De mon côté, je n'ai pas la patience de me lancer dans pareilles aventures, aussi j'ai décidé de créer une nouvelle rubrique, la désormais fameuse rubrique "J'aime / J'aime pas". Il s'agit de résumer en quelques mots de faire des focus sur les points positifs et négatifs qui me semblent essentiels dans un produit, sans pour autant en faire un test complet.

J'aime / J'aime pas : La montre Suunto Ambit Sapphire 2





J'aime :

- Son étanchéité à 100 m ;
- la rapidité pour trouver les satellites (entre 1 et 30 secondes tout au plus, en moyenne quelques secondes à peine) ;
- le fait que je peux la porter tout le temps, même au boulot ;
- son écran minéral (pas de rayures à déplorer pour l'instant) ;
- sa superbe autonomie : je n'ai jamais eu la patience de la vider entièrement, trop long !
- ses nombreux modes : course, natation en piscine, natation en eaux libres, triathlon, etc. Le monde natation en eaux libres est particulièrement intéressant ;
- sa vraie connectivité ANT + (vérifiée avec un cardio Géonaute ANT+ et un footpod Garmin ANT+) ;
- la fonction Fusedspeed : arrêtons-nous quelques instants sur cette fonction. Jusqu'à maintenant, je ne jurais que par l'utilisation du footpod pour courir. Lui seul était capable, conjugué à ma Garmin forerunner 610, de me donner une vitesse instantanée fiable. En GPS seul, ladite Garmin me faisait passer (à vitesse réelle pourtant constante) de 10 à 12 km/h d'un moment à l'autre. Même si ces fluctuations étaient parfois flatteuses (je me suis surpris à courir à 21 km/h sans même être essoufflé), elles n'en rendaient pas moins l'utilisation du gps pour la vitesse instantanée totalement impossible.
Le footpod, après calibrage sur piste, donne une idée très précise et surtout ultra-réactive, de la vitesse instantanée. Une accélération brutale est prise en compte en quelques secondes à peine, quasiment en temps réel.
Seulement voilà, le footpod doit être calibré différemment pour chaque paire de chaussures et j'ai même remarqué qu'il n'avait la meilleure précision qu'à la vitesse à laquelle il avait été calibré sur stade. Au-dessus ou en dessous de cette vitesse, des imprécisions apparaissent (de l'ordre de 1 à 3 %).
La technologie Fusedspeed, qui je le rappelle combine les données du GPS avec celles de l'accéléromètre placé dans la montre, est censée lisser le signal GPS et donner des mesures de vitesses instantanées plus fiables qu'un GPS seul.
D'abord très circonspect, j'ai finalement été conquis par son utilisation. A vitesse réelle constante, la vitesse instantanée donnée par Fusedspeed ne varie quasiment pas.


Pour cet exercice, après une dizaine de minutes d'échauffement, il s'agissait de faire 4 répétitions à environ 4 minutes au km, entrecoupées de 2 minutes de récupération (quasi active, peut-être un léger arrêt de quelques secondes à chaque fois pour vomir tripes et boyaux).
Les tracés sont vraiment constants, sans pics ni creux (sauf les trois arrêts).
En revanche, au début de chaque répétition, la vitesse instantanée mettait 10 à 15 secondes pour passer de ma vitesse footing à ma vitesse 10 km.
Par conséquent, l'utilisation de Fusedspeed est tout à fait suffisante et même très satisfaisante pour des sorties au seuil ou même pour des courses pendant lesquelles la vitesse ne varie pas constamment dans des proportions importantes. Dans ces conditions, la vitesse instantanée lue sur la montre est très précise.
En revanche, s'il s'agit de faire du 30/30 ou des séries inférieures à 400 m sur stade, oubliez tout de suite. La réactivité n'est pas assez bonne pour prendre en compte ces changements d'allures brutaux.

J'aime pas :

- l'absence de fonctionnalités pourtant basiques dans ce genre de montres : programmer des fractionnés, des alertes pour ne pas dépasser tel ou tel seuil de vitesse, de fréquence cardiaque, etc. est absolument impossible sur la Suunto Ambit 2. Totalement impossible, pas tout à fait quand même. Suunto met à la disposition des gentils consommateurs que nous sommes un magasin d'applications gratuites créées par d'autres utilisateurs de cette montre. L'intention peut paraître louable mais le résultat pratique est que l'on se retrouve avec un fouillis d'applications, pour la plupart boguées (oui, j'utilise le terme français de "boguées"), dans lequel il est difficile de trouver son bonheur.
Bien sûr il est toujours possible de programmer soi-même une application (et pourquoi pas de la partager ensuite) mais me remettre à 36 ans dans les affres de la programmation avec une petite fille qui m'escalade pour que je l'emmène jouer dehors n'est pas tout à fait ce qui me convient le mieux ;
- le mode natation en piscine : les données sont totalement fantaisistes.

Edit : On me rétorque que sur un tour de piste Fusedspeed est tout à fait appropriée. Bon, disons qu'entre 200 et 400 m ça se discute. Mais en-dessous de fractions de 200 m, la vitesse instantanée n'est pas exploitable selon moi.



mardi 29 juillet 2014

Récit de l'ITT (Ice Trail Tarentaise) 2014 de Jacques


Comme promis, je donne aujourd'hui carte blanche à mon ami Jacques pour nous raconter son ITT.
Bonne lecture.

Cyril A avec qui je partage quasi-quotidiennement mes préoccupations de coureur et qui est le seul que je ne crains pas d’ennuyer avec mes autobiographies trailistiques (mon seul point commun avec Shakespeare : je n’ai pas peur d’inventer des mots), m’a demandé s’il pouvait poster le récit de mon premier trail de montagne, expurgé bien sûr de mes remarques trop perso : l’Ice trail Tarentaise 2014. J’ai accepté avec joie parce que moi-même, avant une course, j’aime bien lire le récit d’autres coureurs histoire de me faire une idée des difficultés que je risque de rencontrer et également du temps que je vais mettre (à une heure près…)

Avant de commencer, je vais donc rapidement me présenter (sous l’angle de la course à pied, bien entendu) simplement pour que vous puissiez savoir si mon récit pourrait être le vôtre, ou si au contraire vous pouvez éviter de perdre les dix minutes que requiert sa lecture… (Non, non, c’est normal, ne me remerciez pas)

J’ai bientôt la quarantaine, 1m88, un peu moins de 80 kg, coureur depuis 2009 et coureur régulier voire laborieux depuis 2012 (premier marathon), malgré ma moyenne de 70 km par semaine en 2014, mon meilleur temps sur marathon est de 3h28 (3ème tentative qui m’a – enfin – permis de faire moins de 3h30), je descends péniblement sous les 3’30’’ au 1000 m et je ne parle pas du seul 100 km que j’ai couru (avec mon ami Cyril A) en un peu plus de douze heure. À ce titre, j’ai l’honneur de faire partie de cette grande partie de la population que les gènes ont doté d’une VMA de tortue, et qui n’est définitivement pas « né » pour courir (hyper pronateur, genu valgum, cyphose, varices… tout ça avant même de me mettre à la course à pied) d’ailleurs je détestais ça jusqu’à ce que je m’y mette. Mais qu’importe, je prends désormais mon pied à accumuler les kilomètres, à me rentrer dedans en tournant en rond sur un stade, et même si les résultats restent modestes, je suis la preuve vivante que n’importe qui peut se mettre à la course à pied et se plaire à progresser, découvrir des états inconnus et des mondes nouveaux de sensations et émotions exotiques.

Pour terminer, je suis un coureur de plaines, mon entraînement se fait essentiellement sur routes et chemin, à plat, j’ai testé le 10 km, le marathon, le 100 km, les trails de plaine (jusqu’à 82 km lors du trail du tour du Canton et jusqu’à 2400 m de D+ maxi à la Bouillonnante – deux supers trails que je recommande pour l’organisation et le parcours) et pour 2014, je voulais enfin tenter le trail de montagne. Début janvier, un copain m’envoie un courriel au sujet de l’ITT (Ice Trail Tarentaise) je suis aussitôt séduit par les photos incroyables du glacier de la grande Motte lors de l’édition 2013. Le lendemain soir, après avoir obtenu l’accord de mon chef (ma chère et tendre épouse, quoi), et m’être fourvoyé sur le temps limite (j’avais lu « barrière horaire à l’arrivée : 19h30 » et je me dis donc que 65 km et 5 000 m de D+ en 19h30 c’est largement faisable, en fait 19h30 c’était l’heure d’arrivée, le temps maximum, lui était de 15h30…) je m’inscris tout content en me disant que j’ai 6 mois complet pour me préparer. Voici le lien vers le site si l’édition 2015 vous tente : http://www.icetrailtarentaise.fr/

Voici donc maintenant le récit de mon ITT, sous plusieurs points de vue, et en 11 chapitres :

Chapitre 1, les chaussures…

Les chaussures de trails que j’utilise depuis deux ans sont des Tecnica Diablo, j’en étais un peu content au début (j’ai quand même fait le trail du tour du canton avec et d’autres petits trails sans souci particulier), avec quelques réserves sur la stabilité qui se sont accrues dans le temps (mon pied étant très pronateur, j’ai tendance à déformer certaines chaussures et en fin de vie, la chaussure est tellement déformée qu’elle me tord le pied en accentuant ma pronation) et aussi sur la « forme » de l’entrée de la chaussure (là où je rentre mon pied) qui fait que beaucoup de petites saletés rentrent dans la chaussure. Comme elle a une semelle oversized, je ne peux pas mettre de guêtres. Il y a eu aussi l’expérience de mon trail des lavoirs en avril de cette année (65 km et 1300 m de D+ du côté de Chevreuse en région parisienne) qui m’avait un peu laissé sur ma faim : j’avais eu un peu mal aux chevilles à la fin à cause des chaussures qui me tordaient facilement les pieds du fait de sa grosse semelle. Et puis j’avais couru une bonne partie de la course avec des cailloux dans les chaussures. Et puis il y a eu cette fameuse sortie sur un chantier routier derrière chez moi (terrain de jeu idéal : grands tas de terre de 10 m de haut, et grandes excavations de 20 m de profondeur que je monte et descends pendant une heure) où j’ai eu d’énormes ampoules avec ces chaussures. Là je me suis dit que faire 65 km et 5 000 m  de D+ avec, ça risquait d’être très chaud…

Donc deux jours avant de partir dans le Alpes (l’ITT avait lieu à Val d’Isère le week-end du 14 juillet, nous avions pris une location la semaine d’avant dans la vallée de l’Arc), me voilà un soir à faire tous les sites Internet de magasins de chaussures pour trouver des chaussures à mon pied. Mais quelles chaussures ? Le choix a été vite fait : il me fallait des chaussures que j’avais déjà testées c'est-à-dire des Salomon XT Wings (ma 2ème paire de chaussure de trail). Donc après le boulot, le jeudi 3 juillet au soir, je m’en suis acheté une paire au vieux campeur, super content de trouver la dernière paire à ma pointure : du 46 2/3, persuadé qu’elles avaient 1/3 de taille de plus que mes anciennes Salomon XT Wings qui me serraient un poil au niveau de la toe-box (c’est juste pour faire bien toe-box, ça veut juste dire que mon petit orteil frottait malgré les 3 kg de crème nok dont je tartine mes pieds avant une compète).

Mais le plus fou, c’est que le jour où je pars, comme ça, par curiosité, je regarde quelle était RÉELLEMENT la taille de mes anciennes Salomon et je lis : 47 (au passage, je suis obligé de reconnaître que je garde mes vieilles paires de pompes, car j’ai un peu du mal à m’en séparer , c’est comme ça, je suis nostalgique). Or celles que je venais d’acheter taillaient 46 2/3 ! Grosse douche froide : j’avais acheté des chaussures trop petites… ça paraît dingue, non ? Mais en les achetant, j’étais tellement persuadé qu’elles avaient 1/3 de taille de plus que mes anciennes et que même si elles semblaient un peu étroites à l’essayage, j’étais sûr qu’elles m’iraient en se faisant… Là ça a été un gros coup dur… Pendant toute la semaine précédant la course, je me demandais comment j’allais faire : courir avec une paire neuve un peu trop petite ou courir avec ma bonne vieille paire, mais qui risquait de me tuer les pieds. J’ai fait plusieurs sorties en montagne avec l’une ou avec l’autre et impossible de me décider : soit j’avais le pied comprimé, soit j’avais le pied qui partait dans tous les sens avec une paire qui ne tenait plus bien la route et dans les deux cas, je me disais que j’aurais du mal à tenir 15h30 dedans (15h30 étant le temps limite, je m’étais fait à l’idée que ça serait mon temps de course)

Au final, ma petite femme que je commençais à stresser m’a convaincu de me racheter une NOUVELLE paire de chaussure à ma taille. On a donc fait plein de magasins de montagne pour trouver finalement LA paire de 47 1/3 de XT Wings, qui – mais ai-je seulement besoin de le préciser, n’était PAS en solde.

Et le clou du truc, je le dévoile tout de suite : c’est que ma paire de XT Wings en 47 1/3 étant un peu grande (c’était voulu) ; en descente à la fin de mon ITT, les semelles intérieures finissaient en accordéon au bout de la chaussure, ce qui est SUPER RELOUD, et je ne vois pas trop comment régler ce problème, sauf à trouver une super colle forte pour coller les semelles dedans (En fait j’ai l’impression que la semelle intérieure de mes autres XT Wings était plus rigide, celle-là possède une partie souple à l’avant du pied qui glisse en avant quand mon pied glisse dans la chaussure). Bon enfin, du coup, même si j’ai été super content de mon achat pendant les 13 premières heures de course, les 2 dernières heures m’ont apporté le doute nécessaire à quelques mauvaises nuits (ou comment dépenser un mois de salaire en chaussures qui ne me vont pas).

Bon ça c’était pour l’aspect « chaussure » qui est quand même l’un des plus importants en course à pied ou trail. Ce n’est évidemment pas ça qui va me faire gagner une course, mais avec un bon entraînement, une mauvaise paire de chaussure peut bien pourrir une course. Et plus la course est longue, plus les heures de calvaires peuvent être nombreuses.

Chapitre 2 : la préparation à l’environnement montagnard

La semaine d’avant course, nous avions pris une petite location à 1800 m d’altitude, entourée de montagnes culminant à plus de 2000 m. Idéal pour l’entraînement, j’avais acheté ma carte IGN au 1/25 000ème avant et j’avais repéré des randos à faire seul et/ou en famille.

Comme d’hab, j’ai pris un pied monumental à me balader seul en pleine montagne. Je suis à la fois flippé et surexcité par l’environnement montagnard qui m’impressionne. C’est un environnement noir et blanc, les roches sont noires, le ciel est bas, souvent à moitié dans les nuages, on ne sait pas à quoi s’attendre.

Les bulletins météos n’étaient jamais parfaits, ça commençait moyen, mais encourageant quand même : « temps instable, inhabituel pour la saison, quelques rares averses et éclaircies possibles en milieu de journée » on se dit « bon ça devrait aller, je me couvrirai » mais il y a cette petite phrase ajoutée de façon anodine à la fin « quelques averses orageuses possibles en fin de journée » ou « quelques coups de tonnerre dans l’après-midi », comme si on nous disait « vous pourrez vous baigner sans problème dans cette rivière, l’eau sera un peu fraîche mais ça ira, pensez simplement à faire attention aux alligators mangeurs d’hommes qui peuvent s’y trouver ». Bon en réalité, j’ai eu de la chance je n’ai pas eu d’orage.

Chapitre 3 : l’appréhension de la course

Pour rester sur la météo, toute la semaine le bulletin annonçait en prévision un temps meilleur pour le WE, (pour l’ITT, donc) et comme par hasard, la veille de la course, une pluie diluvienne, neige en altitude, et pour couronner le tout, le tonnerre qui grondait dans les montagnes…

Le samedi 12 juillet au soir, lors du briefing les organisateurs annoncent tout contents que le parcours n’est quasiment pas modifié, malgré des conditions météo de la semaine qui ont été très mauvaises. Beaucoup de neige, de la mauvaise neige « ça reste une course de haute montagne, difficile… Le principal acteur de la sécurité reste vous, pensez à bien prendre votre matériel obligatoire, et faites très attention dans les névés, et lors des traversées de torrents à gué ou sur les passerelles, vous n’êtes pas à quelques minutes près, il vaut mieux perdre un peu de temps, ne pas chercher à doubler dans les monotrace » etc. prévenait l’organisateur de la course.

Lors de ce même briefing autour de moi : que des montagnards aguerris, sûrs d’eux avec leurs T-shirts UTMB, 6000 D, Courmayeur trail, club alpin français, etc.
Je capte quelques bribes de conversation « tu te souviens l’année dernière, au col de truc par
- 50°C ?  Tu sais là où Damien avait perdu deux doigts »  « ouais, mais bon il n’était pas bien préparé, seulement deux ultra dans la saison, tu m’étonnes qu’il ait galéré »
Et là je me sens tout seul et je me dis « est-ce qu’ils savent qu’il y a un imposteur parmi eux ? » le seul type qui vient des plaines du nord et qui a bâti son entraînement sur la base d’un plan marathon en remplaçant les séances qualitatives par des montées descente d’un escalier de 115 marches (6 étages pour les non-citadins) dix fois de suite quatre à cinq fois par semaine, qui n’a jamais randonné au-delà de 3 000 m d’altitude, jamais fait d’alpinisme et dont le trail le plus pentu cumulait seulement 2 400 m de D+ ?

Bon enfin, le soir je n’étais pas fier… Un peu stressé, j’ai mangé mes pâtes, mais je me sentais moins en fête que la veille d’un 10 km ou d’un marathon. J’avais peur. Le briefing avait fini de m’achever, avec les traversées de torrents à gué et l’IPN qu’il allait falloir passer en équilibre au-dessus de l’un d’eux… la neige dans laquelle on s’enfonce jusqu’au genou, la trace dont il ne faut pas s’écarter de plus d’un pas au risque de tomber dans des crevasses ou des trous (qui donnent parfois sur des rivières sous les névés) et évidemment le désormais habituel risque d’orage en fin de journée (pour les coureurs comme moi, donc), annoncé avec la même désinvolture que dans les bulletin météo de l’office de tourisme.

Et évidemment les enfants m’ont fait la misère pour dormir (je me suis couché en même temps qu’eux, vers 20h30 / 21h). Je crois qu’à 23h ils faisaient encore la nouba. Et pour la première fois, l’un de mes enfants s’est levé en pleine nuit pour aller aux toilettes et m’a réveillé… Mais bon je ne me formalisais pas, je sais que la dernière nuit n’a pas trop d’importance pour la fatigue.

Chapitre 4 : le départ de la course !

Je n’ai donc pas super bien dormi, mais pas non plus trop mal dormi. Debout à 2h, petit dèj’ dans la salle de bain (porridge avec raisins secs, banane et thé) pour ne pas réveiller toute la chambrée, et là j’étais à bloc. Évidemment impossible d’aller aux toilettes (mon gros stress, comme d’hab’). Je suis allé sous la pluie jusqu’au gymnase pré-départ où un petit dèj’ était offert (je me suis forcé à boire un café tiède dégueux, et j’ai réussi à aller aux toilettes, je sais : c’est pas glamour, mais on est nombreux a stresser pour aller aux toilettes avant une course) et puis ça a commencé, les coureurs partaient vers la ligne de départ et je leur ai emboîté le pas.

J’ai vu François D’Haene, et d’autres coureurs connus : Emelie Forsberg, etc. on n’était pas très nombreux (dans les 450 au départ, pour 550 inscrits – environ). Y avait pas mal de Go pro et autre caméras embarquées, de gens qui reparlaient de l’année passée (je me demandais si j’étais le seul coureur dont c’était la première participation) et puis départ. Je suis parti LE dernier. Je trottinais en ville, pépère, avec dans l’idée de me réserver au maximum, tout en maintenant, sur les portions faciles un rythme à 6 km/h.

Ah, oui, j’oubliais : avant le départ en vacances, j’avais passé une heure à programmer un mode trail sur ma nouvelle suunto Ambit. Pendant la semaine de vacances, je m’étais rendu compte que ce mode n’avait pas été téléchargé. J’avais donc mon « ancien » mode trail, non optimisé (mais bien quand même). Heureusement à l’hôtel il y avait une connexion Wi-fi donc je recharge mon nouveau mode trail, ainsi que la trace de la course. Et évidemment, sur la ligne de départ quand j’allume ma montre, aucune trace de la trace ni d’un quelconque mode trail, même l’ancien avait disparu. J’ai dû me contenter du mode Trek, qui finalement m’a suffit en terme d’info, mais dont le GPS était en mode peu précis et du coup, j’ai presque 7 km d’écart (en moins) sur les 65 km et surtout mes vitesses sont un peu écrêtées (mais c’est peut-être dû au dénivelé qui rabote les km à plat).

Première montée : la queue. J’ai le temps de pisser un coup, de glandouiller et de détailler le tractopelle qui stationne là (un JCB 3CX de 63 kW en version 85 Cv avec une capacité de benne de 1000 L, si, si, un bel engin qui peut creuser une fouille à 5,46 m de profondeur, rien que ça). Toute la première montée, je l’ai faite dans un bouchon. Je ne m’en formalisais pas outre mesure, car je me disais que ça m’évitait de me griller dès le départ, mais quand même, je me disais « si ça se trouve, je vais être éliminé par une barrière horaire à cause des 15’ perdues dans cette montée ». Au levé du jour j’ai passé Tignes après m’être pris ma première grosse gamelle sur une petite passerelle en bois pas du tout technique mais rendue glissante par la pluie (que, quand je l’ai vue, je me suis dit « vas-y doucement ça a l’air de glisser » et vlan par terre). Je me suis forcé à manger une barre de céréales : la seule que j’ai pu avaler de la course.

Chapitre 5 : le matos

Niveau tenue, j’avais mes Salomon pas en solde, mes guêtres, mes chaussettes de trail habituelles, mon collant skins avec par-dessus un short de rando D4 plutôt léger mais avec des poches à zip (pour mettre mon téléphone et des mouchoirs), un T-shirt sous-vêtement grosses mailles Brynge de cycliste donné par un ami coureur, un T-shirt manches longues très léger Odlo, et par-dessus, encore un autre T-shirt Odlo bleu que je mets à toutes mes courses avec un zip dans le cou. Par-dessus, j’avais pris ma veste de pluie Jack Wolfskin jaune, assez basique, qui possède une capuche, est étanche, pas gore-tex, mais avec un système respirant propre à Jack Wolfskin, qui possède des poches zippées et dont le zip principal peu s’ouvrir par en haut et par en bas (pratique pour s’aérer). Tout ça pour dire que j’avais mis quarte couches avec dans l’idée d’enlever et remettre des couches, ce que je n’ai absolument pas fait pendant ma course.

j’avais mon sac à dos Raid-light 20 L + 5 L type marathon des sables, qui date un peu, avec la poche ventrale (super pratique, sauf pour courir ou enlever son sac : il faut 15’ pour enlever toutes les sangles) j’avais un « sac de survie » obligatoire, étanche, contenant un collant D4, une paire de chaussettes techniques BV sport achetées en solde (et jamais portées : c’est bien connu, pour une course, il faut mettre des chaussettes et des chaussures neuves jamais utilisées), un T-shirt manches longues D4, un autre T-shirt manches courtes Odlo) et même un slip (tant qu’à porter des grammes en plus, autant qu’ils soient VRAIMENT superflus). J’avais pris une paire de gants de ski D4 (testés la semaine précédent en montant à 3 000 dans la brume au col de l’Iseran : chauds étanches dans la neige, bref, je les ai jugés utiles) j’avais pris une paire de mitaines D4 pour les bâtons et une paire de gants D4 style soie.

Niveau nourriture, je n’avais pas fait les choses à moitié : 7 compotes à boire, 6 sandwiches, 8 barres céréales et 2 gels que j’ai depuis des années et que j’emporte au cas où à chaque course (et encore j’en avais prévu plus et je me suis raisonné pour en laisser un peu de côté). Oui, j’avais pris tout ça parce que j’avais lu que deux ans auparavant les ravitos étaient un peu light pour les derniers coureurs (dont je ferais partie), du coup, je m’étais dit « au moins je serais autonome ». J’avais pris aussi (nouveauté, car c’est bien connu, c’est en course qu’on teste des nouveaux trucs à manger ou boire) 50 cL de boisson isotonique (Powerade, celles qui sont distribuées à toutes les courses, il m’en restait une du marathon de Paris).

J’avais aussi pris, dans un autre sac étanche, une couverture de survie (obligatoire), des paquets de mouchoirs, du PQ et de l’argent au cas où je doive héler un taxi pour rentrer en milieu de course…

Bon, je ne vais pas faire durer le suspens : mon sac était lourd… Pas trop au début, mais les 4 dernières heures, il était horriblement lourd.

Chapitre 6 (le plus court) la nutrition (pas grand-chose à raconter)

Et surtout, surtout, je n’ai RIEN mangé de ce que j’avais emmené. Je dois être le seul type qui a promené 6 sandwiches (j’en avais fait un au saumon, un au bacon, un au jambon fumé, un au poulet, et selon : avec tomate, et/ou salade, et/ou fromage, etc.) pendant 65 km et 5 000 m de D+. Bon le point positif c’est qu’il faisait autour de 0°C toute la course donc j’ai pu les manger plus tard (j’ai terminé les derniers la semaine suivante au boulot).

En tout et pour tout, j’ai mangé : une barre de céréales au bout d’1h40, une compote à boire (je me suis forcé à la manger) au premier ravito à l’arrivée du funiculaire de Tignes / Val Claret (km 15), 3 fois 10 cL de soupe à 3 ravitos, un verre d’Orangina au ravito du km 30, un quartier d’orange au ravito du km 50 et un quartier de pomme au ravito du km 55. Et mes 50 cL de boisson Powerade, et 3 L d’eau environ. Et c’est tout. Et curieusement, ça ne m’a pas manqué. Enfin, la réalité est un peu différente : Au début, je n’avais pas faim, et après la Grande Motte, j’étais écœuré. Pas écœuré genre mal en point, juste écœuré, genre rien ne me fait envie hormis la boisson isotonique (qui notons-le au passage m’écœure d’habitude, c’est la première fois que j’en buvais), bien acide et sucrée. Le salé me rendait nauséeux rien que d’y penser. Quatre jours après, il me manquait encore 1 kg que j’ai dû tout simplement puiser dans mes graisses (pour celles et ceux qui cherchent la solution aux kg en trop, je l’ai trouvée : un ITT sans manger = 1 kg de graisse en moins). Dans certaines montées un peu  difficiles, j’avais des accès de fringales, mais de toute façon, je ne pouvais pas m’arrêter pour manger. Et une fois arrivé en haut, c’était passé. Le soir, après l’arrivée, j’avais une faim du tonnerre, mais j’étais tellement fatigué, que j’avais la flemme de manger et je me suis couché en ayant juste mangé un reste de soupe et deux sandwiches.

Chapitre 7 : La course, la Grande Motte extatique

Bon je reviens à la course. Après Tignes, au-delà de 2 000 m d’altitude, la pluie s’est dissipée, mais on était dans une brume bien humide. Je montais tranquille et doublais pas mal de monde quand même. On était enfin dans le vif du sujet, dans la montagne, la vraie, celle minérale et enneigée (pas encore sur le chemin, mais les premiers névés apparaissaient). Quelques coureurs commençaient à peiner un peu. On a fini par arriver au pied du glacier. Hop ! Yaktrax aux pieds et quelques photos. Le temps de faire ça et mettre mes gants et je ne sentais plus mes doigts… Je ne m’inquiétais pas trop, mais quand même il faisait froid. Pareil pour mes doigts de pieds : plus aucune sensation. Je me forçais à les bouger dans mes gants et mes chaussures pour que la circulation revienne, mais sans succès.

Sur le glacier de la Grande Motte, premier ravito : 15 km. Là je me sentais bien, je savais que j’irais en haut de la Grande Motte, 3 600 m ! Mon premier sommet au-delà de 3 000 m ! (En fait on n’a pas pu aller sur la corniche sommitale qui menaçait de se rompre, on est donc restés sur l’antécime à un peu moins de 3 600 m) Pas de souci de barrière horaire, j’étais bien large (en fait j’étais incapable de retrouver dans ma poche avant, le petit papier que je m’étais fait avec les barrières horaires, mais j’ai entendu des gars qui disaient qu’on avait le temps – j’avais une heure d’avance d’après Suunto). J’avais donc rempli mon contrat initial : aller au moins en haut du glacier de la Grande Motte. Je m’étais dit que si je ne terminais pas, il me fallait au moins ça.

La montée le long du glacier était dure, on y allait doucement, on croisait les bons trailers (même pas les premiers, juste les bons) qui redescendaient en courant ou en glissant. Il y avait aussi des skieurs sur les pistes d’été – un peu flippant car ils bombaient dans la descente.

    Photo 1 : km 17, parcours sécurisé sur le glacier

Et cette montée, était inoubliable ! Jusqu’alors, on marchait dans les nuages, dans la brume humide, et là au pied du glacier, on a commencé à voir le ciel bleu et le soleil percer à travers ce manteau nuageux. Et petit à petit, on s’est élevé au-dessus des nuages. On était sur une île de neige, au milieu d’une mer de nuages, avec d’autres îles sommets qui émergeaient de-ci de-là et un énorme soleil. Arrivés presque en haut, il y avait un petit replat où on pouvait souffler et prendre des photos et on voyait le Mont-Blanc et d’autres sommets plus près (dont le Mont Pourri – j’adore ce genre de nom évocateur qui en dit long sur l’état des premiers hommes qui en ont foulé le sol, ça me fait penser à Sylvain Tesson qui a écrit à ce sujet dans son dernier livre Géographie de l’instant). J’en ai encore des frissons rien que d’y repenser. J’exultais, j’avais envie de crier ma joie et d’ailleurs on était plusieurs coureurs à s’extasier de cette vue extraordinaire. Tout le monde était super content, on s’échangeait nos appareils photos et autres caméras embarquées pour se prendre en photo et se filmer. Une trace avait été aménagée par les guides de haute montagne (un travail remarquable, surtout vu le temps qu’il avait fait la veille) ce qui rendait possible la grimpette en chaussures de trail de façon sécurisée. Et puis ensuite, il a fallu reprendre la course, on montait encore un peu, juste sous le sommet et puis il y avait la redescente : la plus grosse descente avec celle de la fin. Après être monté de 1 800 m à 3 600 m, on redescendait jusqu’à 2 500 m. Dans le glacier, j’ai alterné course rattrapée avec les bâtons, gamelles et glissades, je voulais absolument limiter la casse musculaire. La neige était bien dure par rapport à ce que ça allait être le reste de la course. J’avais lu que sur les ultras on ne s’en rend pas compte au début, mais sur la fin, on ne peut plus ni monter ni descendre parce que les cuisses sont cuites à cause des premières descentes descendues trop vite. Bon là, soit ce n’était pas assez long (ça n’était pas un ultra), soit j’ai bien géré, mais je n’ai jamais eu mal aux cuisses.

    Photo 2 : km 17, le Mont Blanc depuis la Grande Motte

Chapitre 8 : La Vanoise et ses vallées perdues

Ensuite le reste de la course, s’est fait dans des vallées perdues de la Vanoise, pas âme qui vive hormis les autres coureurs et de temps en temps, des contrôleurs de course qui nous pointaient, installés pour la journée dans un col isolé, venus le plus souvent à pied avec leur sac à dos et en contact avec le reste du monde grâce à leur talkie-walkie (j’admire la ténacité de tous les bénévoles, les guides et les CRS qui restaient toute la journée, à encourager les limaces comme moi, parfois sous la neige et dans le vent). J’ai à peu près tourné avec les mêmes coureurs tout le long, mais pas souvent ensemble. Je les voyais loin devant, ou ils me doublaient après un ravito et je les rattrapais 1 heure plus tard dans une montée ou sur le plat.

Quelques mots échangés, une ambiance plutôt sympa, mais studieuse. Chacun était là, concentré sur sa tâche, sachant que la marge de manœuvre n’est pas énorme et qu’on se plante facilement. J’insiste, mais à la différence des courses populaire, là on ne voyait pas de « touriste » : le type qui habite là et qui s’est inscrit pour voir… Tous les coureurs et coureuses étaient affûtés, équipés, savaient à quoi s’en tenir : personne pour te doubler comme une balle en montée que tu retrouves en haut épuisé, crachant ses poumons. Tout les gens autour de moi géraient bien, allaient tranquillement, trottinaient sur les rares faux-plats (Suunto m’indique 9h de montée, 38’ de plat et 5h de descente ! c’est intéressant parce que comme en km il y avait autant de descente que de montée, ça donne le rapport de vitesse entre montée et descente : 56 % – et 555 m/h de vitesse ascensionnelle, pas si mal pour un hérisson comme moi !) il y avait pas mal de femmes à mon niveau.

Les paysages étaient sauvages, presque agressifs. Noirs et blancs essentiellement, mais en y regardant de près, on trouvait toujours des petites fleurs, des mousses et finalement une diversité et une beauté végétales vraiment sympa. Chaque col passé était l’occasion de découvrir une nouvelle vallée perdue avec de nouveaux paysages, un joli torrent, des marmottes qui sifflaient, des petits oiseaux qu’on trouve encore à 3 000 m d’altitude.

Malgré tout, au bout d’un moment il y avait quand même une certaine lassitude qui s’installait. Les paysages restent magnifiques où qu’on soit, mais au bout du nième col à grimper le long d’un mur de neige dont on se demande si on doit vraiment passer par là et surtout comment les petits points que constituent les coureurs au loin devant tiennent debout sans dégringoler en bas, on commence à être pressé que ça se termine.

Tout le long de la course, j’ai tâché de rester concentré sur l’objectif : terminer, m’économiser et ne surtout SURTOUT pas me mettre à être euphorique. Grâce à mon 100 km, je savais que le « mauvais » état n’arrive qu’à la toute fin, sur les 15 dernier km, donc là même si mon corps allait bien, que mes jambes suivaient que malgré ma légère nausée et l’impossibilité dans laquelle j’étais d’avaler quoi que ce soit, j’allais plutôt bien, je restais vigilant sur le fait qu’il était tout à fait probable que j’aille plus mal d’un coup sur la fin.

Je profitais tout de même de la vue, m’arrêtant quelques secondes pour prendre des photos, faire des petits films (pas tant que ça car, malgré tout, le terrain technique nécessitait une attention soutenue, et les endroits où je pouvais m’arrêter sans gêner les autres n’étaient pas si courants). Et puis quand c’était dur j’avais Beaudelaire dans la tête pour m’accompagner « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide… » à croire qu’il l’a écrit en randonnant dans la Vannoise. Je conseille à tout randonneur ou trail d’apprendre des vers. Dans les moments difficiles ça aide vraiment à se concentrer tout en prenant de la distance avec ces futilités qu’on s’impose.

    Photo 3 : km 44, "quand le ciel est bas et lourd"

Quand j’ai passé la moitié, j’étais content. À chaque ravito, je me disais « ça, c’est pris ». Niveau barrière horaire, je suis toujours passé correctement à chaque ravito, contrairement à ce à quoi je m’attendais avant la course. Mais j’avais noté avant de partir que les vitesses mini entre barrières horaires n’étaient pas constantes. Et notamment pour le dernier tronçon, où il fallait faire plus de 6km/h pour terminer dans les temps si on passait l’avant dernière barrière pile poil. Donc je tenais absolument à passer cette barrière avec un peu de marge. Cependant, j’avais tellement peur de me griller que je ne voulais pas non plus aller trop vite et exploser en vol à la fin. Je cherchais simplement à maintenir la marge suffisante la plus petite possible pour m’assurer de finir. Inutile de chercher à gagner 15’ sur le temps final, ça ne changerait rien à ma satisfaction de terminer.

Chapitre 9 : La longue fin…

Au Ravito du km 42 (ou à peu près, celui du refuge du fond des fours), j’étais content de pouvoir me poser un peu. Je commençais à fatiguer un peu. J’étais content de me dire qu’il ne me restait plus que 23 km, mais je me forçais à ne pas convertir cette valeur en temps, car ça m’amenait à 5h30 de course encore ! J’ai été un peu dans le dur au ravito suivant qui devait être au km 50 environ. Là mon sac à dos pesait lourd. J’ai vidé un peu d’eau pour l’alléger et je n’arrivais pas à me résoudre à jeter ma nourriture. Je me suis forcé à prendre un quartier d’orange. Et je suis reparti pour la pire montée : celle qui m’emmenait en haut de l’aguille Pers, l’autre sommet de la course à presque 3 400 m, environ 600 m de montée sèche. Et là, j’en ai un peu chié. On venait de se prendre de la neige et de la pluie au col du four (2 900 m) et j’avais eu un peu de mal à réguler ma température : je mettais ma capuche (la capucho-régulation est géniale : j’avais froid, je mettais ma capuche et quasi instantanéement j’étais bien ; dès que j’avais un peu trop chaud je l’enlevais et j’étais bien), là j’avais un peu chaud, mais comme il pleuvait, j’avais du mal à l’enlever car j’avais tout de suite froid. Et j’avais enlevé mes gants, du coup, j’avais froid aux mains. Mais la fatigue aidant j’étais incapable de prendre la décision de chercher mes gants dans mon sac. C’est un truc de dingue qui me caractérise : j’ai un mal fou, dès que je suis en course, à prendre le temps de prendre quelque chose dans mon sac ou à le remettre. J’avais fait exprès de mettre 4 couches pour enlever ou remettre les couches en fonction de la température. Et ben j’ai gardé toutes mes couches jusqu’au bout. Devant moi pendant longtemps il y a eu une allemande, la quarantaine toute jolie et bien affûtée, je la voyais un coup en T-shirt, un coup avec un bandeau dans les cheveux, un coup en coupe-vent, etc. Elle adaptait sa tenue dès que l’altitude et/ou le temps changeait. Et en plus elle avait un tout petit sac-à-dos. Moi, j’avais mon sac à dos de 20 L + ma poche ventrale de 5 L. Les seules choses que j’ai rentrées et sorties, ce sont mes gants (deux fois) et mes lunettes de soleil (trois fois) Et encore, deux fois je l’ai fait à un ravito… Là-dessus, j’ai des progrès à faire !

Bon, donc cette montée de l’aiguille Pers a été difficile, on était dans la neige au début, j’y allais doucement en m’appuyant complètement sur mes bâtons, ça me soulageait d’être plié en deux, pour respirer. Je surventilais un peu, parce que le manque d’oxygène commençait (avec la fatigue) à se faire sentir. À un moment, j’étais derrière un autre coureur qui semblait peiner, il regarde le sommet qu’on devait grimper (et qui semblait excessivement loin et haut), il se retourne et il me dit « c’est là haut qu’on doit monter !? » l’air abattu. Je l’ai dépassé dès qu’un replat me l’a permis : ce n’était pas le moment de perdre le moral (j’espère quand même que lui l’a récupéré et a pu terminer).

À ce moment-là, je pensais que c’était la dernière ascension et que ça ne ferait que redescendre ensuite (heureusement que j’y croyais car en fait c’était faux, mais ça m’a aidé à garder le moral) J’ai eu là, le pire rythme de ma course. Je m’arrêtais régulièrement plié sur mes bâtons à essayer de reprendre mon souffle – sans y parvenir, donc je repartais doucement. C’était un massif schisteux, difficile à monter, raide, avec plein de zones de neige fondue. Une fois en haut, j’étais super heureux. Je me disais « maintenant place à la descente, à fond ! » (6 km/h, quoi) je suis donc parti assez vite et j’ai doublé pas mal de monde. Et en plus on passait par le col de l’Iseran où j’avais eu le temps de faire un repérage (quand je suis monté à 3000 m dans la brume) donc je savais que j’allais avoir une petite portion connue, et ça me rassurait de savoir à quoi m’attendre. Je voulais à tout prix descendre vite pour retrouver plus d’air. Au dernier ravito, j’avais 45’ d’avance sur la barrière horaire (le ravito précédent, j’étais reparti avec seulement 25’ d’avance donc j’étais super content d’avoir repris 20’ dans la descente, sachant que la vitesse mini sur ce tronçon était de 2,56 km/h). Au ravito, parce qu’une bénévole m’a interpellé (les bénévoles étaient super sympas, ils/elles étaient très encourageants, j’ai vu plusieurs fois des bénévoles remotiver des coureurs qui disaient vouloir abandonner, avec un discours bien trouvé, pas le faux truc « mais si tu vas y arriver, allez il ne reste plus que 15 km », c’était plus subtile et plus motivant – moi-même à un moment, j’ai eu l’immense privilège de pouvoir remotiver un coureur qui se demandait s’il n’allait pas abandonner) pour que je m’arrête manger quelque chose, j’ai pris un quartier de pomme et je n’ai pas traîné. Et je me suis tapé la dernière montée difficile, pour passer par le tunnel du four (un tunnel piéton (?), dont je n’ai pas compris l’utilité, en haut d’une sévère montée sur des schistes dégradés, ça glissait, ça s’éboulait, c’était assez court mais dur). De l’autre côté une énorme descente dans un névé.

    Photo 4 : km 55, l'aiguille Pers

Je vois des coureurs glisser, je me mets donc sur les fesses et c’est parti pour un toboggan géant. Ça démarre doucement sur une neige molasse et humide et ça accélère, accélère, jusqu’à ce que je réalise que je ne maîtrisais plus rien. Je voyais des roches affleurantes foncer vers moi, je me disais « je vais me faire défoncer le dos sur un rocher, ou alors je vais m’éclater en bas à la fin du névé ». J’ai tenté de freiner en m’allongeant et en écartant les bras, mais sans trop d’effet, si ce n’est me faire faire des espèces de tête-à-queues dans la neige ! Même une fois ralenti, je n’arrivais pas à m’arrêter, je glissais le long d’une petite coulée de neige, sans parvenir à me relever. La vitesse ayant diminué, une fois arrivée à la roche, ça s’est arrêté en douceur. Le type derrière moi a déchiré son collant…

Chapitre 10 : la vraie fin !

Après ça, je me suis mis dans un groupe de coureurs et j’ai couru, comme je pouvais, il y a eu encore 3 mini bosses à monter. J’en avais un peu marre, comme les autres coureurs autour de moi, on était dans une brume de nuages on ne voyait plus trop où on allait, mais on savait qu’il ne restait plus que 5 km et que de la descente : moins d’une heure, j’en étais convaincu, 40’ même en carburant bien (en fait moins). Et j’ai bombardé dans la descente, j’ai tout lâché, je savais que, casse musculaire ou pas, ça n’avait plus d’importance. J’ai doublé tous les coureurs qui m’avaient dépassés lorsque j’ai essayé de téléphoner à mon épouse pour lui donner une heure d’arrivée approximative et lui dire que j’allais terminer (j’ai passé 30 km à essayer de lui envoyer des messages qui ne partaient pas faute de réseau, donc à un moment, je me suis arrêté et ai essayé de trouver un endroit où ça captait un peu pour l’appeler). Les coureurs dans la descente étaient super sympas car ils se rangeaient sur le côté pour me laisser passer quand ils m’entendaient arriver. C’était une super sensation d’avoir les jambes légères pour pouvoir courir à 13-14 km/h, sur la fin, j’ai dû ralentir car, pour corser la difficulté, on quittait le chemin pas trop pentu, pour descendre tout droit dans la pente, donc là bâtons obligatoires et descente prudente, avec quelques glissades, des trailers revenaient sur moi (ça c’est un truc amusant que j’ai découvert, dans les descentes raides, je me faisais larguer par les autres trailers habitués, mais dès que ça devenait « roulant » (c'est-à-dire presque jamais) là mon profil coureur de plaine, reprenait le dessus, je savais que je pouvais tenir une bonne allure sans me mettre dans le rouge).

Je voyais Val d’Isère en bas, j’étais aux anges, je savais que j’allais terminer et en plus bien avant le temps limite, et en plus normalement, toute la petite famille m’attendait avant l’arrivée. Une fois en ville, un baliseur m’a dit « allez 500 m et c’est terminé », j’ai mis le turbo. Il y avait un Italien du club des trailers de Courmayeur qui me talonnait et j’ai pensé à mon dernier 15 km sur terrain varié en 1h02 et je me suis dit « là je vais pouvoir m’exprimer ! » et je suis parti comme pour un 500 m sur stade, à fond (un poil trop d’ailleurs parce que j’ai dû ralentir un peu) et arrivée à 100 m,mes enfants m’ont rejoint, et comme dans mes rêves, j’ai trottiné les derniers 100 m avec eux, et toute la foule de l’arrivée (en fait les bénévoles, plus les coureurs arrivés, et les familles de coureurs qui allaient arriver, une trentaine de personne à tout casser, on n’était pas au stade de France non plus) qui applaudissait et m’encourageait et Filippo l’Italien qui n’osait pas me doubler, du coup, je l’ai invité à passer devant, car je voulais prendre mon temps, il m’a remercié et à terminé au sprint, heureux comme s’il avait gagné la course. Même moi j’avais envie de lever les bras en passant la ligne d’arrivée. On s’est congratulé avec Filippo. C’était une véritable explosion de joie. Tout le monde à cet endroit était heureux : les autres coureurs, les bénévoles, les familles des coureurs. Tout le monde souriait, félicitait applaudissait. Je suis resté applaudir les quelques coureurs suivants et je suis rentré ultra heureux.

Chapitre 11 : le bilan

Le bilan j’arrive en 14h50, soit 55’ avant la barrière horaire (qui avait été rallongée de 15’ vu les conditions météo et la piètre qualité de la neige). Le dernier coureur arrive 10’ avant la barrière, ce qui veut probablement dire que les autres ont abandonné avant. Cette année a été plutôt bonne car il n’y a eu « que » 121 abandons sur 443 partants (dont 71 au refuge du fond des fours juste avant la montée du col – à noter également 8 abandons au col de l’Iseran alors que toutes les difficultés avaient été franchies et qu’il restait moins de 10 km).

Mon petit conseil pour celles et ceux qui ne cherchent qu’à finir un trail : partit coolos… On le dit pour toutes les courses, mais c’est encore plus vrai pour un trail, où les vitesses moyennes sont proches de la marche, voire comme à l’ITT inférieures à ma vitesse de marche. Partir à 6 km/h n’est donc pas une hérésie, même quand le terrain permettrait un bon petit 11 km/h. J’étais 400ème au premier contrôle (donc au-delà des derniers arrivants finals) et je n’ai fait que remonter tout au long de la course sans être jamais dans le rouge et sans chercher à double et je me répète mais je suis vraiment un coureur lambda ma volonté est ma seule alliée.

Pour finir de vous rassurer, cette volonté, je ne l’ai gagnée qu’en m’entraînant (car autrement, je ne fais pas non plus partie de ces gens qui ont un mental d’acier) et surtout en loupant quelques courses (trail parti trop vite pour lequel j’ai marché pendant les quatre dernières heures, mur pris de plein fouet au marathon, tous ces épisodes difficiles m’ont fait prendre conscience qu’il suffit juste de ne pas abandonner quand c’est dur, on finit toujours par arriver)

À l’arrivée, François D’Haene faisait déguster son vin, il avait l’air frais comme un gardon, j’avais du mal à croire qu’il avait fait le même parcours que moi en 7h37 (bon en même temps ça faisait pas loin de 7h qu’il était arrivé, il avait donc eu le temps de se reposer).

Voilà pour cette course géniale, super bien organisée, qui m’en a mis plein la vue. C’est vraiment l’intérêt d’un trail de montagne (et des trails en général) : il est difficile de faire un parcours équivalent, aussi beau, seul (en rando ou rando-course). Là vous êtes sur un chemin balisé (ça n’a l’air de rien, mais ça permet de ne pas perdre du temps à sortir la carte tous les 500 m pour vérifier qu’on est sur le bon chemin), même s’il y a des portions techniques qui nécessitent une certaine attention, c’est quand même moins dangereux que de partir seul, et les zones sur les glaciers ne sont tout simplement pas accessibles en randonnée classique. Et puis il y a les ravitaillements, qui sont bien utiles si contrairement à moi on veut alléger son sac de quelques kg de nourriture.

Le lendemain, pas de courbature, hormis sur les muscles autour de la cheville – classique. Quelques douleurs aux coudes (à cause des bâtons) et aux épaules (le sac à dos). Une énorme fatigue : même deux jours après j’étais encore un peu fatigué, mais une bonne fatigue, pas une fatigue genre après une journée de boulot, une belle fatigue physique profonde. Aucune douleur articulaire, nulle part. Rien à voir avec un marathon ou même un 10 km qui sollicite bien les genoux. De même pour mon dos : aucune douleur… Mon 15 km fin juin m’avait laissé plus de séquelles au dos que l’ITT.

En ÉPILOGUE je dirais simplement à tous les coureurs de plaine comme moi qu’il ne faut pas hésiter à s’inscrire à ce genre de trail (bon faut quand même avoir fait quelques trails ou longues randonnées en montagne avant quand même). Ce qui compte, c’est le mental, l’abnégation, le fait d’être convaincu que courir pendant 15h est une fin en soi et qu’il faut tout mettre en œuvre pour le faire (surtout à l’entraînement et évidemment pendant de la course), inutile d’être un champion du stade, il suffit d’y aller tranquille dès le début et de ne pas se demander pourquoi on met un pied devant l’autre depuis 5h, 10h ou 15h, on le fait juste parce qu’il faut le faire. Au final, vous aurez des images incroyables pour votre vie entière, un plaisir immense pour quelques jours, des kilos en moins pour un mois (et l’autorisation implicite de boire de la bière et de manger des pizzas/kebabs pendant ce temps), et plein de trucs à raconter à vos amis qui tiennent un blog, et puis, je sais, c’est un peu prétentieux, mais quand le lendemain, à Val d’Isère, vos enfants raconteront à tout le monde que vous avez fait l’ITT, vous éprouverez, gênés, une certaine fierté.


FIN

Programme des articles à venir


Un peu de teasing ne faisant jamais de mal, voici le programme des articles à venir (dans le désordre et sans dates prévisionnelles, faut pas pousser) :

- le compte-rendu de son ITT (Ice Trail Tarentaise) 2014 (trail de 65 km et 5000 m de D+ en montagne) par mon ami Jacques (1) ;
- le test des lunettes de vélo / course à pied ORAO Bislett photochromiques ;
- mes premières impressions au guidon du vélo de route Raleigh Revenio Carbon 3 2014 équipé en SRAM Rival.










(1) qui me disait tout à l'heure qu'il s'arrêtait là dans les délires en course à pied (à part un petit 24h pour la route, évidemment). Mais le 24h c'est pas pareil a-t-il insisté avec une moue de petit garçon pris la main dans le pot de confiture...

Test des lunettes de natation de triathlon Maru Impact Anti-fog


MAJ du 2 janvier 2015 :

Après quelques semaines d'utilisation, l'anti-buée des Maru a fini par disparaître totalement. C'est semble-t-il le lot commun des lunettes de natation.
Concernant l'entrée d'eau, ce point ne s'est pas arrangé et a fini par rendre les Maru totalement inadaptée. Question de forme de visage ? Défaut de conception ? Difficulté de concilier large champ de vision et étanchéité parfaite ?
Toujours est-il que je ne les utilise plus et ne saurais donc les conseiller.

Article initial :

Les lacs, étangs et autres marais infâmes qui accueillent une partie des épreuves des triathlons sont bien assez saumâtres pour que l'on ne vienne pas en rajouter en utilisant des lunettes de natation inadaptées.

A une dizaine d'euros, les lunettes Maru Impact Anti-Fog sont présentées comme des lunettes possédant un large champ de vision, une bonne flexibilité et surtout des qualités anti-buée.

Pour les tester, j'ai vaillamment plongé dans les eaux poissonneuses (1) de la méditerranée pendant 15 jours pour un test en eaux libres, destination privilégiée de ces lunettes.

Peur de la nage en eaux libres et yeux sensibles ont fait de moi le testeur idéal : échapper aux monstres marins nécessite un matériel infaillible.

Place au test

Les conditions : nage en mer, à 10 m du rivage, par toutes les conditions de visibilité dans l'eau (de moins de 50 cm à 5 m) et au-dessus de l'eau (de grand soleil à ciel franchement gris).

Le confort général : Rien à signaler, pas de point douloureux ou gênant.
Le champ de vision : Effectivement, c'est large. Alors évidemment, le placement de la tête en crawl ne permet pas de profiter pleinement de cette vision panoramique mais cela se révélera sûrement fort utile quand je devrais batailler au départ (aussi appelé "boite à torgnoles" ou "lessiveuse kirghize") de mon prochain triathlon.
La teinte des verres : en nageant dans les vagues, j'avais naturellement tendance à me basculer franchement sur le côté pour prendre ma respiration. Ce faisant, je regardais le ciel, souvent très lumineux par rapport au monde sous-marin. En a souvent résulté l'impression d'être un tantinet ébloui, comme quand on regarde une ampoule nue (la coquine) trop longtemps. Pourtant elles sont quand même assez foncées. Je ne sais pas s'il est vraiment possible d'apporter une réponse technique à cette difficulté. Les verres photochromiques n'étant pas pour l'instant assez réactifs pour y remédier. Je précise que ces lunettes ne sont pas pourvues de verres photochromiques mais des marques concurrentes en ont fait un argument de vente.
L'étanchéité : petite déception sur ce point. Il m'est arrivé plusieurs fois, tel un titanic aux abois, de subir une voie d'eau dans l'une des lunettes. Sensation désagréable que de sentir la morsure du sel à chaque fois que le roulis du crawl me ramenait vers le côté inondé. Pour l'instant je n'ai pas trouvé le serrage idoine pour corriger ce défaut.
L'anti-buée : Pas parfait mais pas mal du tout. Beaucoup mieux que sur mes anciennes lunettes premier prix. Efficace à 70 % disons. Ce qui représente un bon score je trouve.

Conclusion

A une dizaine d'euros environ, les lunettes Maru Impact Anti-Fog tiennent leur promesse principale : elles sont anti-buée. Pour le reste, elles s'avèrent assez satisfaisantes mais ne sont pas pour autant sans défauts.
A titre personnel, j'avais un blocage psychologique à mettre 30 ou 40 euros dans une paire de lunettes (alors qu'il m'arrive de dépenser biennnnnn plus pour des articles de sport) et elles me conviennent donc pour leur bon rapport qualité-prix.




(1) http://videos.leparisien.fr/video/exclusif-ils-ont-filme-le-requin-bleu-en-corse-document-amateur-28-07-2014-x2296uk#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F


lundi 21 juillet 2014

Test de Zoot Ultra TT 7.0 M


Encore une paire de chaussures de course à pied ? Mais c'est ta quatrième paire en 6 mois !
Mais ma chérie, tu sais bien qu'il y a la paire pour les sorties longues, la paire pour les fractionnés rapides, les chaussures de trail, celles pour le triathlon... Inutile de dire que j'avais reçu un préavis de divorce avant même d'avoir terminé mes explications.

Des chaussures pour le triathlon ?

Alors oui, les tenants du t-shirt en coton, de la course en espadrilles et des pastilles de sel me diront qu'il est tout à fait ridicule d'acheter des chaussures spécifiques pour le triathlon. Et c'est vrai qu'il est assez difficile de leur donner tort. Car sans tomber dans l'extrême de l'espadrille, une paire de lacets élastiques sur une paire de runnings classiques et le tour est joué.
Cependant, j'ai tout de même deux arguments à leur opposer :
- l'argument fallacieux : c'est toujours chouette d'acheter de l'équipement pour le sport, fut-il inutile ;
- l'argument plus rationnel : même équipées de lacets élastiques, les chaussures de running classiques ne sont faites ni pour être enfilées rapidement, ni pour être portées sans chaussettes.

L'enfilage, parlons-en.

Comme vous le savez, le triathlon c'est avant tout l'art de la transition. Non seulement le fait de passer d'une discipline à l'autre avec toutes les adaptations physiologiques liées, mais également la transition elle-même, au niveau du parc à vélos : gagner 1 ou 2 minutes sur ces transitions peut être plus facile que de gagner 1 ou 2 minutes sur 5 km de course à pied ou sur 750 m de natation.
Les Zoot Ultra TT 7.0 ont une languette solidaire du reste de la chaussure, une encoche dans ladite languette et une petite anse à l'arrière pour être attrapées à deux mains et enfilées rapidement.
D'un autre côté, la taille de l'orifice dans lequel on glisse le pied est assez étroit. Du coup, l'enfilage se fait rapidement mais avec un certain effort malgré tout. Le label "comme dans du beurre" échappe donc aux Zoot ultra TT 7.0.
Cependant, une fois enfilées, pas de problèmes de languette mal placées, tout est parfaitement à sa place et aucune gêne ne se fait ressentir sur le coup de pied.

Illustration en vidéo :
Le système de laçage

C'est à on sens un des points forts de ces Zoot : le sytème QuickLace promet un serrage homogène en utilisant une seule main (l'autre se reposant tranquillement pendant ce temps ou s'amusant à faire des jeux d'ombres pour amuser les enfants) : promesses tenues. Le serrage est en effet homogène grâce aux petites poulies réparties sur la chaussure en lieu et place des habituels trous dans lesquels passent les lacets et le réglage se fait simplement d'une main. C'est simple et ingénieux. Parfait quoi.

En vidéo :




Et pour courir, ça donne quoi ?

Pour courir, avec ou sans chaussettes, le chaussant est très agréable, très "seconde peau". Pas de coutures ou de points de compression pour blesser le pied. Personnellement, j'ai mesuré mon pied et pris une pointure de 5 mm plus grande et c'est parfait (26,5 pour un pied mesurant 26 cm).
Le comportement dynamique de ces Zoot est parfaitement neutre. Assez peu amortissantes, elles sont vives à la relance mais sans excès non plus. Equilibrées et stables, elles conviennent à ma foulée neutre elle aussi. N'oubliez pas que je suis un coureur léger. Mon vieux pote Jacques, avec ses 10 kg en plus et sa foulée ultra-pronatrice, se sentirait-il à l'aise dans ces groles ? Pas certain.

Conclusion

Pas obligatoires dans la panoplie d'un triathlète qui pourrait leur préférer de simples runnings, ces Zoot Ultra TT 7.0 sont rapides à enfiler et confortables à porter. A 85 euros en promo, si comme moi vous êtes riches comme Crésus, laissez-vous tenter, vous ne serez pas déçus.






dimanche 20 juillet 2014

Nager en eaux libres


Bien évidemment, je ne suis pas ce genre de personnes friables qui pourraient paniquer en nageant en eaux libres. Je suis un vrai bonhomme qui n'a peur de rien et qui assure en toute circonstance.

Cependant, puisque tout le monde n'est pas aussi parfait que moi, je veux bien me glisser quelques minutes (et pour les besoins de la démonstration uniquement) dans la peau d'un type qui aurait mis presque 22 minutes à faire les 750 m de natation de son premier triathlon à cause d'un accès de panique.
Ce type-là pourrait regarder avec intérêt cette vidéo (en anglais) qui regroupe tout un tas d'excellents conseils pour éviter ces moments de panique. Conseils prodigués en outre par une coach que je trouve particulièrement rassurante et pour tout dire... maternelle. :)


vendredi 18 juillet 2014

Test de la combinaison Speedo Thin Comp sleeveless


Si vous avez lu le récit de mon premier triathlon, vous aurez compris que le port d'une combinaison et la natation en eau libre m'avaient posé quelques soucis.
J'avais à l'époque loué une combinaison Aquaman de 5 mm d'éparaisseur, avec des manches. Aussi, ai-je décidé juste avant l'été d'investir dans une combinaison sans manches et d'épaisseur moindre. Trois objectifs en vue :
1) pouvoir bouger les bras ;
2) sentir l'eau sur mes bras ;
3) ne pas me sentir engoncé dans un carcan de néoprène.

La combinaison Speedo Thin Comp sans manches est une combinaison en néoprène de 2 mm d'épaisseur, pourvue autour des bras d'un tissus plus souple pour une excellente flexibilité. Pour le reste, comme toute combinaison néoprène de triathlon, elle est pourvue d'une fermeture par zip dans le dos avec cordon pour l'ouvrir et la fermer seul ainsi que d'un petit col qui se ferme grâce à un velcro.

L'enfilage

Je me souviens avec émotion (et un peu de honte aussi) du premier essayage en magasin de ma combinaison de triathlon de 5 mm : 15 sachets plastiques pour y insérer mes bras et mes jambes, 15 minutes d'effort, de sueur et de larmes pour l'ajuster (bon, pas de larmes quand même mais presque).
Autant dire que j'appréhendais le premier enfilage de ma nouvelle combinaison.
Dès le déballage, la sensation de souplesse de cette combinaison de 2 mm d'épaisseur est immédiate. Elle se plie sans aucune difficulté, est légère et d'une matière extrêmement douce (lisse côté extérieur et douce côté intérieur).
Je décide de l'enfiler sans sachet plastique et à ma grande surprise j'y parviens sans difficultés. J'entends d'ici vos remarques en lisant ces lignes : "il a pris une taille au-dessus, la combinaison ne remplira pas son rôle". Et bien non, la combinaison est parfaitement ajustée. C'est réellement sa souplesse qui fait la différence.
Me voilà donc vêtu de ma combinaison en néoprène dans mon salon à Paris, ravi.

Place au test sur le terrain

Pour préparer mon prochain triathlon, celui de Joué les Tours du 7 septembre soit dit en passant, j'ai prévu de m'entraîner en mer, tous les jours ou au moins une fois tous les deux jours.
La Corse offre le cadre idéal pour cela.
Bien évidemment, avec une eau à 24°C ou plus, tester l'isolation thermique d'une combinaison n'est pas chose aisée. Toujours est-il que je suis très frileux et que la mise à l'eau avec la combi Speedo est vraiment facilitée. Pas de chaire de poule à l'horizon.

Le confort de nage est excellent : les bras sont libres et ça change tout : les épaules tournent sans le moindre obstacle, l'eau glisse sur le torse et les jambes flottent plutôt pas mal, un peu comme avec un pull buoy. Pas besoin de battre des pieds pour flotter donc. Il est à noter que l'eau de mer a une masse volumique supérieure à celle de l'eau douce (1030 kg / m3 contre 1000 pour l'eau douce d'après de rapides recherches) et donc qu'elle porte un peu mieux le fer à repasser que je suis. Il est donc difficile de comparer la sensation de flottaison de la combinaison en néoprène de 5 mm en eau douce par rapport à celle de 2 mm en eau de mer.

Conclusion

Certes, mon test est un peu lacunaire puisqu'il fait référence à un seul type de condition : eau de mer à 24°C, ce qui ne permet pas d'évaluer l'ensemble des caractéristiques de cette combinaison.
Cela dit, à moins de 90 euros en soldes, soit le prix de 3 locations, je suis ravi de cette combinaison. Souple, agréable à enfiler et très hydrodynamique, je l'ai totalement adoptée.
Elle est tellement agréable à porter qu'en quelques jours d'entrainement, je suis passé d'un temps moyen de 2'20" au 100 m à un temps de 1'52" (le tout sur 1 km au total).
Il faut dire que j'ai dans le même temps appris à me raisonner et à ne plus avoir peur des monstres marins imaginaires qui me jetaient dans les affres de l'hyperventilation et des battements de bras anarchiques.

(Chtulhu si tu me lis, pas besoin de me donner tort en m'envoyant tes monstres marins, merci)

Une petite photo de la combinaison mise à sécher à l'envers deux vidéos de l'enfilage.







lundi 14 juillet 2014

Vacances... Studieuses


Il serait malvenu de ma part de vous agiter le soleil corse sous le nez, vous qui subissez les assauts quotidiens de la grisaille du continent. Aussi vous parlerai-je uniquement de mon programme d'entrainement de ces vacances au solei... Pardon, de ces vacances :
- nage en eau libre en mer, objectif : au moins 1 km sans m'arrêter avant la fin du séjour ;
- vélo : la montagne me tend les bras ;
- course à pied : en montagne et au bord de la mer.

Courir sur le sable

Qui n'a pas rêvé de courir sur le sable, pieds nus, dans une sorte de retour à l'essentiel, d'effort pur, connecté aux éléments ? Et bien je l'ai fait. "Attention, 1 km de course sur le sable vaut 4 km de course sur route" m'a prévenu ma mère (toujours soucieuse de mon bien-être).
"Moui moui" ai-je répondu avant de partir comme une fusée, le menton haut et la foulée légère, raillant intérieurement les mises en garde absurdes de ma génitrice.

Mais le sable, c'est... Comment dirais-je ? Mouvant ? Meuble ? Casse-gueule ? Abominable ? Infernal ?
Après 3 km d'effort, tout mon être me hurlait de m'arrêter et de marcher. Ce n'est pas un endroit pour toi me disaient mes mollets. Retourne sur la route, insistaient mes cuisses.
Mais j'ai continué et j'ai bouclé mes 5 km du jour à un peu plus de 11 km/h de moyenne. Un footing très lent, le genre de moyennes que je ne fais jamais. Mais dans ces circonstances, une performance incroyable, un dépassement de soi !
A J+2, mes mollets sont toujours constitués à 80 % d'érable, à 10 % de bouleau et à 10 % de nerfs pour me remonter l'information de la douleur.
Incroyable, des courbatures dignes d'un grand débutant.

Si vous en avez l'occasion, courez dans le sable et faites moi remonter vos impressions mais attention, pas de sable mouillé bien compact hein, du vrai sable mou.

Demandez le programme

Ces vacances sont aussi pour moi l'occasion de tester du matériel :
- la combinaison speedo thin-comp wetsuit sleeveless ;
- les chaussures Zoot Ultra TT 7.0 ;
- les lunettes de natation Maru Anti-fog.

Alors restez connectés et profitez un peu (par procuration certes) de ce joli soleil ajaccien.



vendredi 4 juillet 2014

Test de la poche de glace Zamst IW-1


Quand j'envoie un mail à mon ami Jacques (qui se reconnaîtra) c'est pour lui parler :
- de mes entraînements (pas mal) ;
- de mes courses (un peu) ;
- de mes blessures et douleurs (beaucoup).

Le sempiternel bobo du sportif. Qu'il soit bénin, grave ou pire : récurrent, il alimente nos longues conversations de coureurs. 
La poche de glace Zamst IW-1 a donc toute sa place dans ce vénérable blog. 

Conçue pour les petites articulations (genoux, coudes, poignets), elle est constituée d'une poche à eau classique genre bouillotte de grand-mère qui s'ouvre par le dessus et dans laquelle on met de l'eau froide ou de l'eau chaude et d'un système dans laquelle on la glisse, muni de lanières en tissu terminées par deux velcros.
A propos de la "bouillotte", je me suis posé des questions existentielles sur la façon dont il fallait procéder, le mode d'emploi étant muet sur ce point : fallait-il la remplir d'eau puis la mettre au congélateur, la remplir de glaçons ? Je l'ai donc remplie d'eau et de glaçons.

Ensuite, je l'ai glissée dans le système de fixation, rien de plus simple. Les deux velcros permettant ensuite de la serrer fermement autour de la zone à traiter.
Comme une image vaut 10 000 mots, et qu'il me faudrait réellement faire preuve d'imagination pour vous parler pendant 30 000 mots de cette poche à glace, voici 4 photos.

Disons le tout de suite, la première fois que je l'ai fixée sur mon genou (là elle est sur le tibia mais c'était la même sensation) je me suis dit : wouahou, c'est parfait. Le tissu du système d'attache est ultra doux et les scratchs peuvent s'agripper sur la totalité du tissu noir. Résultat : on serre aussi fort qu'on veut et le réglage est parfait.

Du coup, finies les excuses pour ne pas participer aux tâches ménagères. Avec un TFL, on peut faire la vaisselle, un hématome, garder les mômes et un foulure, laver la voiture. 
Vous aurez noté mes talents de poète.

Concrètement, on peut se tenir debout et marcher avec la poche à glace fixée sur la jambe. Pas faire du sport avec, hein, ho, hé mais marcher, sans problème. Parole de Cyril A.

Conclusion :
Un produit parfait qui trouvera sa place dans la panoplie de tout sportif, ultra bien pensé et pratique. Une super qualité qui a un prix tout de même : entre 40 et 50 euros.
A ce prix-là je fais encore de la publicité gratuite pour Zamst. Je n'ai décidément aucun sens des affaires...